Maison..Maisons

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Petits, nous jouions à « maison, maisons ! », un jeu qui consistait à reproduire des scènes de ménage que l’on copiait à ceux de nos p

Leila
Une anthropologue américaine aide les tisserandes marocaines à vendre leurs tapis à travers le monde
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Petits, nous jouions à « maison, maisons ! », un jeu qui consistait à reproduire des scènes de ménage que l’on copiait à ceux de nos parents. On montait des décors plus ou moins réels, comme le canapé qui faisait parfois office d’un lit, autre fois de voiture, ou les coussins qui devenaient nos petits bébés, qu’il fallait nourrir avec des biberons faits de nos trousses à crayons. Mais, jamais nous n’avions pu égaler, dans nos décors inventés, l’appartement de notre voisine Claire.

C’était une vieille dame célibataire qui vivait seule dans le petit appartement d’à côté. Elle nous aimait, nous, comme elle aimait tous les autres enfants de l’immeuble, du quartier et même du monde entier. Nous avions le droit d’entrer chez elle à n’importe quel moment, et nous n’étions retenus que par nos parents.

Nous aimions son appartement beaucoup plus que le notre, pas seulement à cause de la liberté absolue qu’elle nous était accorder chez elle, mais parce qu’il constituait à nos yeux la cité magique des enfants ; et Claire était la bonne fée des lieux.

Il y avait de tout dans ce petit lieu ; des poupées, des jouets, des babioles de tout genre, et ils étaient en quantités phénoménales, à tel point qu’ils cachaient tout meuble qui s’était un jour aventurer dans les lieux.

Dès l’entrée, nous sommes accueillis par un grand nounours gris qui a noircit par endroit à cause des années écoulées depuis sa mise au piquet, dos au mur, comme pour accueillir les visiteurs de la dame. Nous le bousculions par nos pieds en entrant, et Claire le redressait avec soin à chaque fois ; à penser qu’il était le gardien de sa maison. En face, un ancien meuble de bois très vieilli, plein de tiroirs, toujours semi-ouverts et desquels débordaient des tissus, des écharpes de mille et une couleur, des fils de cotons entremêlés, et bien sûr des petites culottes et de grands soutiens-gorges : Oh combien cela nous amusaient de tirer dessus en passant, mine de rien !

Mais les vraies trouvailles étaient entassées dans sa chambre, si on peut l’appeler comme ça. C’était plutôt un dépôt qui malgré tout ne manquait pas de charme … le joli et fantastique chaos total ! Ce  que les enfants aiment le plus. Tous nos efforts à reproduire ce chaos dans notre appartement étaient, je l’ai dis, voués à l’échec : Nous n’égalions jamais le foutoir de « tante Claire », comme nous l’appelions.

C’était une histoire de plus d’une cinquantaine d’années qui se lisait dans les objets de cette chambre. Les poupées qui n’avaient plus que quelques cheveux, jetées sur son lit, qu’elle n’utilisait plus, préférant dormir sur le divan. Au pied de ce lit, une machine à coudre très ancienne au dessus de laquelle Claire avait entassé d’autres babioles. Sur l’accoudoir du canapé des tissus brodés, sales, de couleurs fanées mais encore jolies. Des rideaux partout dans la chambre, mais jamais refermés. Ils étaient toujours à la même ouverture, comme si quelqu’un les avaient tirés depuis des décennies et repartit sans jamais revenir pour les refermer.

Des poupées. Des jouets de toutes sortes. Des animaux en bois, en plastique et en coton. Des coussins de toutes tailles et couleurs. Des pots en argile, en verre et en porcelaine : Sacrée bonne Claire, elle a entassé là tout ce qu’un enfant peut rêver d’avoir pour jouer à « maison, maisons ! »

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