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Elle l’a rythmée comme une pendule ; cette manie, qu’elle répéta de bon matin jusque tard dans la nuit, à l’heure du coucher, ou que sais-je ? Au-delà, pendant son sommeil !
Leila ne pouvait pas s’en défaire, et comment, puisque cette manie accompagnait tous ses faits et gestes !
A notre première rencontre, j’étais interloquée par la vue de cette série de mouvements rapides, bien agencés, semblables à chaque fois et sans défaut que Leila exécutait sans cesse. Elle est là devant vous à faire et à refaire ces gestes successifs, en respectant la forme et la durée de chaque série : Elle passe sa main droite très rapidement sous son nez, effleurant la lobe, inspirant profondément par le nez et émettant un son aigu et étouffé en même temps, pour ensuite racler sa gorge, tousser à petits coups, et soupirer enfin comme un soulagement de fin. Mais c’était juste le temps de poser quelques mots, de boire ou de manger une bouchée, et elle recommençait sa performance !
J’étais étonnée à notre première rencontre que personne de celles présentes et qui la connaissaient avant moi, ne la somme d’arrêter ! Cela me tapait vachement sur les nerfs ! Mais j’avais ensuite compris, quand après quelques rencontres, je me suis résignée comme eux au fait qu’on ne pouvait rien. Elle est comme ça, cela fait partie d’elle, de son charme, qu’elle perdra peut être, en lâchant cette manie !
Ce qui est inquiétant dans des cas pareils, c’est notre tendance à nous, de la mimer, ou d’attraper sa maladie sans s’en rendre compte et tout en se moquant d’elle.
