« Je me consacre entièrement à mon entreprise. Mon mari s’occupe de notre bébé ! »

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« Je me consacre entièrement à mon entreprise. Mon mari s’occupe de notre bébé ! »

C’est la réponse de Roba, une créatrice de mode libanaise de 27 ans, lorsque je lui ai demandé dans le cadre de ma recherche sur les entrepreneu

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C’est la réponse de Roba, une créatrice de mode libanaise de 27 ans, lorsque je lui ai demandé dans le cadre de ma recherche sur les entrepreneuses au Liban : « Comment réussissez-vous à prendre soin de votre enfant nouveau-né avec cette charge de travail ?

Elle a accepté de me recevoir, pour un entretien en forme d’un long échange, dans sa maison qui s’est avérée être en même temps son « atelier ».  C’est un grand appartement à Beyrouth. Bien que contiguë, il comporte deux entrées distinctes ; l’une pour l’espace de vie et l’autre pour le lieu de travail.

Comme toujours, je suis étonnée de constater comment les femmes peuvent transgresser les frontières artificielles des lieux, en créant des arrangements inédits ! Des recherches attestent du fait que ces lieux ont été faits au départ par des hommes, pour les hommes ! Les femmes les adaptent donc à leurs besoins, d’après leur utilité, mais aussi à leurs goûts.

Dix minutes plus tard, j’ai aperçu son mari dans le couloir avec un bébé nu dans un bras et une couche dans l’autre.

Roba n’est pas la seule femme au Liban qui compte sur son mari pour s’occuper des tâches domestiques et familiales qui incombent généralement aux épouses, actives économiquement ou pas.

Sonia, une autre entrepreneuse que j’avais rencontré et qui malgré ses origines modestes, a eu la chance grâce à son savoir-faire unique dans la broderie de haute qualité, de travailler pour un créateur libanais connu à l’international. Quand elle décrit sa journée de travail, je ne peux m’empêcher de voir son mari à différents moments de sa routine quotidienne.

Elle quitte la maison à 7h00, et c’est son mari qui s’occupe de tous le travail domestique, de nourrir les enfants et de les aider dans leurs études. Il s’acquitte aussi de la mission de livrer le repas à l’atelier de Sonia pour qu’elle puisse y manger, elles et ses assistances, dans sa kitchenette qu’elle l’a joliment conçue à cette fin. Et pour finir, il fait quelques réparations dans l’atelier avant de rentrer chez lui pour accueillir les enfants après l’école.

« Il a insisté pour qu’il gère lui-même les comptes de l’étalier », m’a-t-elle dit. Ce n’est pas surprenant, en effet. Selon des études sociologiques sur les boulangers, les restaurateurs les tailleurs, les pharmaciens, mais aussi les hommes d’affaires et les personnalités publiques nous montrent que ce sont leurs épouses qui jouent le rôle de comptables pour eux. Parfois, elles se muent en secrétaires à plein temps, sans qu’elles-mêmes ou leurs maris n’ont s’en rendent compte.

Je crois que les hommes au Liban et dans beaucoup des pays arabes aidaient toujours leurs femmes avec les enfants et l’entretien ménager, mais cela se fait en privé, ou comme cela se passe dans les sociétés traditionnelles : « ne pas le montrer au regard des autres ! »

Ce qui change maintenant, c’est une nouvelle génération d’hommes, qui veulent « le montrer » ; Ils n’ont pas honte d’être le père s’occupant entièrement du bébé ou la femme de ménage ; donc devant les « autres » !

Pourtant, ce n’est pas seulement une question pratique – comme une sorte d’ « un partage de travail » entre les hommes et les femmes. Pour ces hommes, c’est aussi une question émotionnelle à l’égard des enfants et de prendre plaisir à effectuer des tâches ménagères.

La sociologue française Christine Castelain-Meunier, experte en la masculinité et les questions du genre, affirme que de nos jours, les pères expriment leur besoin de prendre soin de leurs enfants et de se lier d’amitié avec eux comme le font les mères.

Confirmant les recherches, le mari de Roba ne se contente pas de l’aider, mais semble prendre plaisir à prenne soin de son enfant. Quand elle me l’avait présenté, il nous a raconté des histoires sur la façon dont son bébé de huit mois se comporte, rit, pleure, ou exprime des sentiments et des états d’âme.

Il était content et fier, comme le sont les mères quand elles parlent de leurs enfants.

 

Oui, les hommes changent !